Pèlerinage des Allemands d’Altötting à Huppy

  Dans les années 1980-1990, pendant les mois de mai et juin, de nombreux visiteurs allemands, originaires de la Bavière, venaient à Huppy après s’être rendus à la nécropole du cimetière allemand de Bourdon où sont enterrés les quarante-sept soldats allemands morts sur le territoire de la commune de Huppy. La plupart de ces visiteurs étaient les familles des soldats tués en mai – juin 1940.

  Jusqu’au jour où l’abbé Morel, prêtre de la paroisse Saint Sulpice de Huppy, entama la conversation avec ces visiteurs ne parlant pas le français. Originaire de Nancy, l’abbé Morel avait étudié l’allemand pendant ses études au séminaire et avait pu parfaire la langue lors de ses années de captivité en Allemagne pendant la guerre.

  Après cette rencontre, des liens se sont créés au point qu’il était devenu courant de recevoir ces visiteurs de plus en plus nombreux d’année en année. L’abbé Morel a alors innové en célébrant une messe dite « de la réconciliation » le dimanche le plus proche du 28 mai. Messe concélébrée par les prêtres des différents pays combattants de la bataille de la tête de pont d’Abbeville.

  L’événement pris de l’ampleur et c’est en car que les visiteurs allemands se mettent à venir à Huppy depuis la ville d’Altötting en Bavière. Pendant ces journées, un repas était organisé avec les spécialités de nos deux pays. Picards et Bavarois, cidre d’un côté bière de l’autre.

  Pour marquer encore plus cette réconciliation, l’abbé Morel fait sculpter une « vierge à l’enfant », d’inspiration lorraine, par un jeune sculpteur d’Equennes. Celle-ci fut tirée dans un morceau de poutre en chêne provenant de la restauration de la flèche de la cathédrale d’Amiens par les charpentiers de la maison P et R Martin de Puteaux est ramenée à Huppy par les ouvriers charpentiers Maurice Devaux de Huppy et Edouard Dymond d’Abbeville.    

  Lors de leur visite, les Allemands offraient aux membres de l’ASPACHuppy et à l’abbé Morel de petites figurines en fer forgés et pour l’église des magnifiques chandeliers avec le cierge de leur pèlerinage de la Vierge Noire en Bavière, l’équivalence de notre pèlerinage de Lourdes.

  Pendant l’office de la messe de réconciliation, sur l’autel, un chandelier double brûlait en même temps que le chandelier à la messe d’Altötting. Tout un symbole ces cierges brûlants en même temps dans nos deux pays réconciliés.

  Avec le temps, c’est la commune qui a relevé l’ASPACHuppy pour l’accueil de ces pèlerins. Messe, cérémonie au monument de la réconciliation de la Croix de Lorraine, repas, etc.

  Les années passantes, le vieillissement des protagonistes faisant son œuvre, la relation s’est éteinte.

Retrouvez en photos les grands moments de ces visites !

Visites 1992 – 1994 – Maire de l’époque monsieur Pierre Boutroy – Prêtre l’Abbé Gaston Versmée

 

Visite 1999 – Maire de l’époque monsieur Jean Marie Lepage – Prêtre l’Abbé Gaston Versmée

 

Visite 2000 – Maire de l’époque monsieur Jean Marie Lepage – Prêtre l’Abbé Gaston Versmée

 

Visite 2002 – Maire de l’époque monsieur Jean Marie Lepage – Prêtre l’Abbé Gaston Versmée

 

La derniére visite de mai 2004

Chapitre V – Clocher & Flèche

Chapitre V – Clocher & Flèche

LE CLOCHER

Fin XVème Siècle

  Que l’on arrive à HUPPY parla RN 28, au Nord d’Abbeville, au Sud de Blangy-sur-Bresle, par la D 13 d’Amiens ou par la D 25 de Oisemont, la fine flèche couverte d’ardoise « émerge» au-dessus des bouquets d’arbres, tel le mât d’un navire sur une mer de verdure. Il faut néanmoins s’en approcher pour découvrir son imposante tour quadrangulaire flanquée de huit contreforts d’angle massifs qui montent sur toute la hauteur pour soutenir des encorbellements arrondis en « nids d’hirondelles » dans les angles rentrants.
  Au sommet de la tour, une superbe balustrade ajourée de soufflets flamboyants quadrilobés entoure la flèche de bois de charpente, permettant ainsi à 25 mètres de hauteur d’en faire le tour en toute sécurité sur un chéneau de plomb en admirant le paysage alentour. On découvre de ce magnifique point de vue, la campagne environnante encore très verdoyante, les champs et villages voisins à plus d’une quinzaine de kilomètres.
Une porte basse à l’Ouest permet l’accès au Narthex. En anse de panier surbaissé, elle perd peu à peu ses moulures rongées par l’érosion. Les bases ont depuis longtemps disparu.
  Dans le sommet de la tour s’ouvrent quatre baies à la hauteur de la cloche, garnies à leur sommet de remplages aux soufflets flamboyants, une archivolte ogivale orne chaque fenêtre faisant également office de renvoi d’eau.
  Jadis le son des cloches était dirigé vers le sol par deux hauteurs d’abat-sons assez disgracieux, couverts d’ardoises et fortement saillants. La base des fenêtres était bouchée de maçonnerie sur environ 1 mètre.
  Fort heureusement, les restaurateurs après guerre ont supprime cela. Actuellement les fenêtres  sont dotées, pour la même fonction, de six hauteurs d’abat-sons beaucoup plus en retrait, laissant ainsi apparaître le pied droit du fenestrage. Les appuis de ces fenêtres en mauvais état ont été restaurées dans les années 1980/1990.
  Une tourelle à pans coupés abritant l’escalier en colimaçon est accolée à l’extérieur dans l’angle Nord-Est de la tour. La pointe de cette tourelle en pierre de taille est ornée sur chaque arête de « choux » et de chimères amusantes, certaines hardies grimpent allègrement vers le sommet, tandis que d’autres craintives, peureuses, tentent de regagner la terre ferme et se dirigent vers le sol. Sur les angles, le long de la flèche, l’artiste sculpteur manquant de « dégagement » a sculpté des figurines qui semblent s’écraser sur |’ardoise.
  Sur toute la hauteur, quatre bandeaux larmiers cernent la tout à intervalles irréguliers au grès des éléments – porte basse – bases des fenêtres hautes et arases des murs de la nef.
  Six courts bandeaux sont disposés dans les intervalles uniquement sur la face externe des contreforts. Le soubassement est constitué comme dans toute l’église, de meulières aux angles et de panneaux faits de grès et de silex taillés, en légère saillie avec les murs en se raccordant au nu du mur par une moulure en talon renversé.
Une moulure saillante supporte la balustrade.
  Seule la pièce du premier étage est éclairée par trois meurtrières Nord Sud et Ouest, celle de l’Est donnant sur la nef. La tour, bâtie de craie de pays, a gardé malgré le temps toute (ou presque) sa blancheur d’origine ; elle est en bon état, excepté la base sur ses trois faces Nord – Sud et Ouest.
Deux gargouilles de grès non sculptées rejettent au loin l’eau du chéneau vers le Nord et le Sud
Deux portes de chêne reposées à la reconstruction donnent accès à I’escalier.
  Notons enfin, pour l’histoire, qu’à la suite des bombardements de mai 1940, les murs dans I’angle Nord-Est s’étaient effondrés sur toute la hauteur, mettant du même coup à bas la tourelle d’escalier. La flèche restant dangereusement en équilibre sur les murs Ouest et Sud.
  Dès 1941, un mur provisoire de soutènement avait été érigé en hâte pour parer à l’effondrement de la flèche. La reconstruction proprement dite de la tour ne commence réellement que dans les années 1950 par l’entreprise Charpentier de PARIS.
 L’étaiement de la porte Ouest en bastaings avait été exécuté par le charpentier du Village, André Ratel, aidé de Lucien Decouleur qui a gravé son nom sur l’ébrasement de cette porte avec la date «1946».

LA FLÈCHE

  La flèche du clocher toute de chêne construite, s’élève 18 mètres au-dessus du chéneau de la tour.
  Un fût carré de 4 mètres de hauteur sert de base et fait la transition entre le carré de la maçonnerie et l’octogone de la flèche proprement dite.
  Quatre pointes de diamant en assurent le relais. Une porte au Nord dans le fût permet l’accès au plancher établi sur l’enrayure basse (4ème salle du Musée «HUPPY AUTREFOIS»)
  Une «boule» de plomb en garnit le sommet au pied de la croix. Une croix de 3,25 mètres jusqu’au-dessous du Coq mettant ainsi celui-ci à plus de 21 mètres au-dessus du chéneau. Le Coq seul ne fait pas moins d’un mètre du bec à la queue, il est tout en cuivre. Coincé depuis des années, il a été restauré en 1984 par l’ASPACHuppy aidé par messieurs Duvanel et Wulsteck. Perdant la queue au cours d’une tempête, il a été une seconde fois réparé par les membres de l‘ASPACHuppy en 1987.
Avant la guerre 39/45, la face Sud du fût était ornée d’un cadran d’horloge qui n’a pas été reposé à la reconstruction de cette flèche.
  Notons enfin pour l’historique que pendant la guerre 39/45, les allemands avaient édifié sur la tour, autour et au-dessus de la flèche un «mirador» s’élevant bien au-dessus de celui-ci. Pour cela, ils avaient déposé la croix et percé de part et d’autre le clocher afin de passer au travers des perches de bois. A la libération, le mirador déposé, les trous ont été bouchés provisoirement mais en 1952, les trous béants avaient laissé entrer la pluie, pourrissant inexorablement l’enrayure basse et l’ensemble du clocher. Il fallut se résoudre à en faire un neuf. Déposé en 1952, il fut reconstruit en 1953 par l’entreprise Martin de Puteaux.
  Le chef de chantier était à I’époque Camille Préau, les compagnons, Albert Labreuveux et Claude Piette, l’aide charpentier, Georges Louchard.
  Couvert parla suite par l’entreprise Marcais de Paris.
  La maçonnerie était l’œuvre de l’entreprise Charpentier de Paris.
  Voir les plans d’ensemble de cette flèche et de la croix.

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Articles de presse locale

ASPACHuppy

Chapitre IV & Nef & Bas coté Nord

Chapitre IV: Nef & Bas coté Nord.

L’intérieur de l’église : Nef & Bas-coté

  Les étapes de sa construction

  Après avoir franchi le Narthex, nous pénétrons dans la nef de l’église parla porte Ouest dépourvue de moulure et de toute autre ornementation. Le linteau est en anse de panier surbaissé, comme toutes les portes de l’édifice (sauf la porte de la nouvelle sacristie qui a pris la place de la chapelle seigneuriale après la restauration des années 1950 -›196O ?)
Nous sommes dans la nef, ce qui nous amène à parler tout de suite des étapes de la construction : si nous n’avons pas de certitude quant à la date du début de la construction de l’église, nous en avons une en ce qui concerne la fin de l’édification de la chapelle seigneuriale par une date 1545 figurant sur une verrière qui la ornait. Cette tranche de travaux était pour nous la 5ème. Là, nous allons quelque peu contredire la Picardie Historique et Monumentale (P.H.M) qui donne pour 1er campagne de travaux l’ensemble nef- bas-côté Nord – clocher. Pour nous, ces trois parties de l’édifice ont été exécutées, non par ensemble, mais en trois étapes bien distinctes. Des preuves qui n’ont pas pu être décelées par les auteurs de la P.H.M nous ont été révélées au cours de fouilles qu’il a fallu faire pour chercher le sol solide afin de rétablir les bases des piliers effondrés en mai 1940.

Première tranche des travaux

  Des photos prises à cette époque par l’entreprise « CHARPENTIER P.M ›› sous les ordres de M. SALLEZ, alors architecte en chef des Monuments Historiques, montrent bien que la nef était bel et bien seule construite en premier lieu. Nous allons expliquer cette thèse :
  Le mur Nord de cette nef unique (au chevet plat) a bien été construit en pierres meulières, moellons de craie et damier de silex alternés et cela dans toute sa longueur. Les photos noir et blanc de l’époque montrent également les fondations des contreforts Nord destinés à épauler
les doubleaux des voûtes futures.
  De plus, un contrefort dans l’angle Nord-Ouest, visible encore à l’extérieur entre le pignon Ouest du bas-côté et la tour de l’escalier, est en diagonale comme celui de l’angle Sud-Ouest, chose illogique si la tourelle et le clocher étaient construits en même temps.
  Nous ferons la même constatation dans l’angle Nord-Est du transept Nord. (voir annexe)

Diaporama des photos en noir et blanc de l’entreprise Charpentier en 1946.


  Nous irons même plus loin dans les suppositions (qui n’engagent que nous !) : il se pourrait bien que cette étape de la construction réalisée a été dotée d’un clocheton ou un pignon clocher campenard où était installée une petite cloche que l’on tirait de l’intérieur de cette grande chapelle. Des traces de frottements de cordes apparaissent sur l’arc formeret et sur l’arc de la porte du mur Ouest (ce n’est là bien sûr qu’une supposition)

Deuxième tranche des travaux

  La deuxième tranche de travaux serait alors le clocher (avant 1500). On constate, vu l’importance de la tour, l’ambition des maîtres d’œuvre de bâtir quelque chose de grand.

Troisième tranche des travaux

  Nous sommes à la fin du XIème siècle et d’après les archives et écrits, en 1497, deux seigneuries se réunissent, deux villages Huppy haut et Huppy bas. On peut supposer alors que la population augmentant, les édiles sont amenés à agrandir l’église. Ils construisent alors le bas-côté Nord. Pour cela, ils établissent des piliers et des arcs à la place du mur Nord dont ils conservent les fondations. Ils dotent le mur Nord de grandes baies et percent le mur Sud de la nef pour y établir également des grandes baies qui vont remplacer les plus petites mises en place à l’origine. Nous épaulerons cette thèse par le fait qu’en observant les deux murs Nord et Sud, on constate :
  Sur le mur Nord, l’arc de la baie et le formeret de la future voûte sont en pleine harmonie alors que sur le mur Sud, I’arc des baies est mangé par le formeret, lui-même brisé, comme construit en deux fois (même constatation sera faite dans le Chœur) Cette troisième étape ayant sûrement empiété sur les premières décennies du XVème siècle.

Un projet non réalisé ?

  Dans nos suppositions, nous y ajouterons celle-ci. On peut penser que des bâtisseurs avaient l’intention de construire un second bas-côté Sud puisqu’ils ont laissé les voûtes en attente (comme à Fontaine-Sur-Somme) : projet abandonné faute de moyens ou gêné par le cimetière
qui entourait l’église et la « chapelle ›› primitive qui devait bien exister car Huppy le village lui-même existait et un culte y était célébré.

Des pierres de réemploi

  Pour appuyer cette supposition, nous reviendrons dans le bas-côté Nord pour y constater que comme dans toute l’église, les culots sont ouvragés et sculptés de feuillage, acanthe, houblon, chardon ou vigne, sauf les deux des angles Nord-Ouest et Sud-Ouest qui sont d’un style plus
roman que gothique, de même que les quatre de la voûte du premier étage de la tour (voir description) Nous ne possédons pas de photo ce de pignon d’avant la guerre qui nous montrerait si l’appareillage des culots et gerbes coïncidaient avec les assises du moellonnage.

Une voûte en bois

  Les voûtes de pierre n’ayant pas pu être réalisées, les bâtisseurs ont « greffé ›› dans les charpentes traditionnelles une voûte en bois lambrissée. Cette voûte plus plate, moins haute que celle actuelle bâtie en 1964, laissait apparaître des éléments essentiels de charpente, tels que liens, contrefiches ou jambettes. Certaines pannes ont pu être ouvragées voire sculptées puisqu’un élément récupéré dans les décombres à l’époque est exposé dans le musée du Clocher et comporte une frise sculptée.

La P.H.M

  Un point important mentionné dans la P.H et M et qu’il nous paraît bon de signaler en la citant textuellement :

  La construction des nefs a précédé celle des croisillons et du chœur. Le grand arc en tiers-point qui sépare la nef du carré du transept, en renforçant le dernier pilier, a noyé en partie les nervures d’attente, l’extrémité des deux ogives qui se voient de chaque côté montrent bien que le plan primitif fut modifié. 
  Ces vestiges capitaux pour la compréhension n’ont pas été remis en l’état par les restaurateurs après la guerre 39/45, ce qui est bien dommage. L’archivolte de I’arc Doubleau visible sur une photo de la P.H et M n’a pas elle non plus été rétablie. Heureusement qu’il n’en a pas été de
même pour les culots et les départs de voûte de la nef et du bas-côté Nord.
  Avant de quitter la nef, regardons le mur Ouest côté du clocher :
  Là, les bâtisseurs ont eu la bonne idée de ne pas faire descendre les contreforts jusqu’au sol. Ils les ont arrêtés à la hauteur des culées de voûtes futures en les amortissant en consoles ouvragées de boudins.

  Pour la description de la nef citons textuellement la Picardie Historique et Monumentale :
  L’église de Huppy est avec celle de Fontaine, le plus beau et le plus complet monument de notre Canton et peut soutenir en comparaison avec sa rivale des bords de la Somme. Si elle n’a pas le joli portail de celle-ci, elle possède un élégant clocher ; si elle ne montre pas dans ses
voûtes les fines sculptures de la chapelle de la Vierge de Fontaine, elle déploie dans ses fenêtres de magnifiques verrières. Les deux églises se complètent l’une l’autre. Elles appartiennent au même style et furent construites sans doute à la même époque. L’église de Huppy, moins vaste que sa voisine n’a qu’un seul collatéral qui flanque le côté septentrional de la nef. Trois grandes arcades relient les deux nefs.
  La nef comprend trois travées. Les constructeurs avaient pensé la couvrir d’une voûte de pierre, ainsi que le collatéral et les nervures d’attente, heureusement respectées par les restaurateurs du monument, marquent encore le départ des doubleaux et des ogives. Les trois nervures identiques comme profil, reposent sur de petits culots ornés de feuillage ; sous quelques-uns de ceux-ci, on a découvert récemment des croix de consécration. Trois piliers rectangulaires aux angles abattus recueillent les retombées des grandes arcades en tiers-point, qui se composent
d’un gros boudin s’engageant par une pénétration triangulaire dans le pilier et d’une série de cavets et de bandeaux. Une moulure prismatique forme archivolte. La construction de la nef a précédé celle des croisillons et du Chœur. Le grand arc en tiers-point qu sépare la nef du carré
du transept, en renforçant le dernier pilier, a noyé en partie les nervures d’attente. L’extrémité des deux ogives qui se voient de chaque côté montrent bien que le plan primitif fut modifié. D’autres détails le prouvent encore : les grandes arcades du carré du transept et les consoles
qui reçoivent les nervures sont sensiblement plus basses au transept et au Chœur qu’à la nef. (fin de citation de la P.H.M) 
  Cette dernière phrase étant inexacte, c’est I’inverse : les culots du transept sont plus hauts (4,45 m pour 4 m au Chœur et 3,75 m dans la nef)
(voir annexe VII )
  Un bandeau qui forme également le nez des appuis de fenêtres court sur le mur Sud de la nef, à 2,50 m environ du sol, en formant un décrochement au dessus de la porte Sud et sur le mur Nord du bas-côté Nord. Les murs Ouest en sont dépourvus ne possédant pas de fenêtre. Un petit bénitier en marbre est scellé à l’entrée de la nef.

Charpente

  La charpente ouvragée a été refaite en 1964 plus ogivale que l’originale, elle est dotée de bardeau en planchettes de châtaignier et de couvre-joints moulurés. Une sablière à plat répartit les charges sur le mur. De grosses sablières moulurées relient les entraits, eux-mêmes
ouvragés aux abouts et au centre.
  Les têtes et les bases des poinçons sont moulurés pour passer de la forme carrée à la forme octogonale sur la longueur.
  Les pannes et le sous-faîtage saillants sont pourvus également de moulures.
  Six fermes composent cette charpente formant 5 travées et deux plus petites à l’Est et à l’Ouest où les entraits passent devant le bas des contreforts du clocher.

Le pavage

  Actuellement, le sol est constitué d’une chape en béton établie à 10 cm sous le niveau définitif. D’après les photos et les fragments retrouvés après la destruction partielle de l’église, l’allée centrale était pavée de carreaux de terre cuite hexagonaux, tandis que sous les bancs de la
nef, le sol était couvert de briques très plates en usage à l”époque. Le reste de l’église était doté de carreaux décorés ou de dalles en marbre noires ou blanches en damiers.

De nombreux fragments sont exposés dans les salles du musée du Clocher, nous en reparlerons.
Dimensions (moyennes)
Nef : longueur: 15,55 m – largeur 1 7,20 m
Bas-côté Nord : longueur: 15,64 m – largeur : 4,66 m

Crois de la consécration (vestiges)

  Citées dans la Picardie Historique et Monumentale à la page 140 (Ponthieu-Vimeu) MDCCCV, 1905, qui n’en donne pas le nombre ni leur position exacte. Nous avons recherché ces vestiges, sous quelques-uns de ceux-ci (culots) on a découvert récemment des croix de consécration. 
  L’église ayant été fortement restaurée après la guerre.39/45, nous n’avons retrouvé qu’une seule trace de ces croix de consécration. Elle est située comme l’indique la P.H et M sous le premier culot de voûte au Sud dans la Nef.
  Cercle légèrement gravé dans la pierre
  La croix peinte d’un rouge brique (badigeon)
  De forme très incertaine
  Consécration : rendre sacré  – action sacrée par laquelle une personne ou une chose est séparée du monde profane et affectée définitivement au Culte de Dieu.
  En dehors de la consécration eucharistique, les choses consacrées peuvent être des églises, des autels, des cloches ou des vases du Culte.
  La consécration suppose l`usage d’un Saint-Chrême et doit être effectuée par un Ministre ayant reçu le caractère épiscopal.

ASPACHuppy

Annexe: hauteurs des culots.

ASPACHuppy

L’église

Sommaire description audio de l’église  Saint Sulpice

L’église vers 1900

Sa description extérieure.

  Contrairement au reste, l’extérieur de l’église est décrit très sommairement dans la Picardie Historique et Monumentale, ce qui va nous permettre d’en faire une description plus approfondie.

Citons d’abord la P.H et M :

  L’ornementation extérieure de l’église est des plus simples. Un  soubassement (1) se raccordant au nu du mur par un talon renversé. un bandeau-larmier  (2) courant sous les fenêtres, des Archivoltes (3) avec arrêts horizontaux autour des fenêtres ; ce sont les éléments que l’on retrouve dans toutes les églises flamboyantes de la région. les contreforts (4) présentent une petite particularité ; le talus très allongé qui les amortit est légèrement concave. A l’extérieur apparaissent très visibles les  trois étapes (5) de la construction du monument. Le clocher et la nef appartiennent à la fin du XVe Siècle ou au commencement du XVIe Siècle; très peu de temps après furent bâtis le carré du transept et le chœur ; puis la chapelle seigneuriale. Comme à FONTAINE, on termina les travaux par la construction des voûtes. (Fin de la citation de PH et M)
Reprenons la citation depuis le début :

LE SOUBASSEMENT (1)

  Le soubassement se raccorde bien avec le nu du mur par une moulure. Il est en saillie par rapport à celui-ci de 8 cm, la moulure occupant toute l’assise de pierre de taille, soit 27 cm. Tout le soubassement est composé de grès et silex taillés en damiers, les angles des contreforts étant en pierres meulières. Une explication à cela: les constructeurs ont cherché pour bâtir le soubassement des matériaux plus résistants que la craie. Ils ont choisi le grès et les silex taillés pour le plein mur et ont opté pour la pierre meulière pour les angles, celle-ci étant plus résistante que la craie et moins dure à travailler que le grès.
  Il y a en moyenne deux assises de cet appareillage grès-silex sous l’assise moulurée (le terrain étant quelque peu en pente)

LE BANDEAU-LARMIER (2)

  Un bandeau-larmier à la hauteur du nez des appuis des fenêtres fait tout le tour de l’édifice sans interruption même au passage des trois portes de l’église : Ouest/Sud et la chapelle seigneuriale au Nord.

  A l’Ouest au passage de la porte le bandeau-larmier se transforme en archivolte en arc surbaissé. Pour la porte Sud dans la nef, les constructeurs ont choisi de faire un décrochement à angle droit afin de rechercher le nez de l’appui de fenêtre qui surplombe la porte passant au-dessus de l’archivolte de la porte sans le toucher. Pour la porte Nord de la chapelle seigneuriale (actuelle sacristie) Qui est plus basse Que !es deux autres, le problème a été résolu, en faisant traverser le bandeau-larmier par pénétration dans l’archivolte de la porte.

LES ARCHIVOLTES DES FENÊTRES (3)

Bien décrites dans la P.H. et M nous n’ajouterons que ces archivoltes, outre leur but décoratif comme dans toutes les églises, ont également une utilité pratique. Elle sont là en effet pour servir de renvoi d’eau au-dessus des baies au même titre que les bandeaux-larmiers, Citons au passage la définition d’un bandeau tiré d’un traité d’architecture :
  BANDEAU  (architecture) : moulure horizontale large et peu saillante placée sur une surface verticale ou épousant la forme d’une arcade, la circonférence d’une colonne (anneau). Le rôle des bandeaux extérieur est d’empêcher l’eau de pluie de couler le long du mur. Alors le profil de leur base forme larmier.

LES CONTREFORTS (4)

  Comme le signale ta P.H. et M, le glacis de ces contreforts est légèrement concave (pour l’esthétique) mais aussi comme pour les bandeaux, par utilité. Conçus ainsi, ils font office de coyaux.
  COYAU : petite pièce de bois formant « adoucissement . (dans la toiture) entre le pied des chevrons et la saillie de l’entablement. Ils facilitent ainsi l’écoulement des eaux de pluie en les ralentissant.
   LA CORNICHE D’ENTABLEMENT  : comme les éléments cités auparavant la corniche d’entablement moulurée, outre son rôle esthétique, a également une utilité pratique ; c’est elle qui reçoit la plate-forme de coyau, éloigne le ruissellement des eaux pluviales en écartant au maximum la gouttière du nu du mur.
  GOUTTIÈRES ET DESCENTES  : elles sont en cuivre avec dauphins en fonte. Les eaux sont écartées du pied des murs par des ruisselets pour la face Sud et des regards et puisards pour la face Nord plus élevée.
  LA COUVERTURE  : l’ensemble de l’église est couvert d’ardoises d’Angers M.H, faîtières en plomb, noues fermées en ardoises. L’aération des combles est assurée par des passe-barres situées en haut et en bas du rampant. Ces passe-barres outre leur utilité d’assainissement, servent également à fixer des crochets ou cordes pour tenir les échelles en cas de réparation.
  A noter : à la reconstruction, il n’avait été prévu et réalisé en partie un égout en tuiles plates sur l’entablement afin de supprimer l’inesthétique gouttière. L’eau n’étant plus  captée ruisselait le long des murs au risque de les dégrader à la longue. Ce projet a été abandonné et la gouttière a été posée sur l’ensemble de l’édifice.
  UNE LITRE ET DES ARMOIRIES  : comme toutes les églises, les murs sont parsemés de graffitis plus ou moins anciens, plus ou moins intéressants, nous en reparlerons. Par contre, nous avons retrouvé çà et là des traces d’une litre noire bien entendu, avec de place en place, mais biens répartis dans un souci d’esthétique, des blasons de seigneurie que nous n’avons pas pu authentifier, Des photos ont été prises de ces précieux témoins de traditions moyenâgeuses.

  D’après un traité d’architecture en voici la définition :

LITRE : nom féminin. Lors des funérailles d’un seigneur au moyen-âge, on peignait ou on tendait sur le pourtour des murs intérieurs et extérieurs de l’église une bande d’étoffe de couleur noire appelée LITRE sur laquelle se détachaient les armoiries du seigneur (toutes les paroisses ne possédaient pas cette longue étoffe, on peignait en noir sur le mur à 2,50 m environ du sol un bandeau de 40 à 50 cm de large souvent sur deux assises de pierre). Le droit de Litre était un droit seigneurial. Ce mot désigne également des bandes armoriées appliquées sur les murs de l’église pour les funérailles d’un grand personnage ou du PATRON de l’église. ››

  PATRON : droit canon. Personne possédant le droit de patronage sur une église. 

  PATRONAGE : le patronage d’une église fut souvent reconnu à la personne qui la fondait et à ses ayants droits successifs. 

LES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION (5)

  La P.H et M nous parle de traces des étapes de la construction sans les détailler, ce que nous allons faire brièvement car celles-ci sont expliquées dans d’autres chapitres. En faisant le tour côté Nord, le contrefort entre la tourelle d’escalier et le pignon Ouest du bas-côté à 45° montre bien que la nef a été construite avant le bas-côté Nord puisqu’il était alors destiné à contrebuter le diagonal de la nef.

Le 4éme contrefort, angle Nord Est du bas-côté est à 90°.

Le 5éme contrefort, angle Nord Est du transept Nord est à 45°, il contrebute le diagonal, la chapelle seigneuriale n’étant pas encore construite.

Le 6éme contrefort, angle Nord Est de la chapelle seigneuriale est à 45°, il était destiné à contrebuter la voûte (jamais réalisée).

LA SACRISTIE (XIXème Siècle)

  Continuons le tour de l’église en passant devant le chevet : nous sommes maintenant dans l’angle fermé par le Chœur et le Transept Sud. C’est à cet endroit qu’avait été bâtie une sacristie (heureusement disparue) les murs de cette sacristie extérieure fait de briques prenaient appui au Sud sur le contrefort Sud-Est du transept Sud et à l’Est sur le contrefort perpendiculaire du Chœur.

  Une porte extérieure s’ouvrait à l’Est. Une porte intérieure donnait accès au Chœur juste devant le Maître Autel. Des traces d’engravure  sont encore visibles çà et là.

  La toiture à 4 pans et 4 arêtiers exigeait la pose d’un chevreau le long des murs de l’église – mur Nord du transept Sud et mur Sud du Chœur. Le 16 avril 1871, le conseil vote 500 F pour une sacristie.

  Le pavage de cette sacristie avait été réalisé en 1877 avec de  bonnes briques de Sénarpont.

 

ASPACHuppy

Notre dame de la réconciliation

Notre dame de la réconciliation

Eglise Saint SULPICE de Huppy

Dessin Claude Piette

Proposition de classement de l’église de Huppy au nombre des Monuments Historiques le 15 août 1907.

 L’an mil neuf cent sept le 15 août à onze heures et demie du matin le conseil municipal de Huppy s’est réuni au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de M le maire M Antoine HUGUET.

  Étaient présents, Messieurs HURTOIS, LEROY, SANGNIER, POURCHEZ, HERBET, JOLY, THIBAULT, ACLOCQUE, DUMONCHY, MELLIER et HUGUET.

  M MELLIER est élu secrétaire.

  La séance étant ouverte M le président donne lecture d’une lettre en date du 31 juillet 1907, par laquelle M le sous-secrétaire d’état des beau arts fait connaitre à M le préfet de la Somme que la commission de Monuments Historiques vient d »appeler son attention sur l’intérêt que présente l’église de Huppy et de lui proposer d’en prononcer le classement au nombre des Monuments Historiques.

  En transmettant à M le maire la dite lettre, M le sous-préfet le prie d’appeler le conseil municipal à délibérer sur la question. Monsieur le maire donne aussi lecture des principaux articles de la loi du 30 mars 1887, et du décret du 3 janvier 1889, relatifs à la conservation des monuments et objets ayant un intérêt historique et artistique.

  Le conseil municipal ouï les dites lectures et après avoir délibéré sur la question, considérant que l’église de Huppy appartient à la commune et qu’elle est exclusivement consacrée à l’exercice du culte catholique, qu’elle n’est pas louée et qu’elle est à la pleine disposition de la commune, que son classement au nombre des Monuments Historiques n’aura sans doute que des effets utiles, entre autres celui de lui conserver intact son caractère artistique, n’a aucune objection à opposer à ce classement mais exprime le vœu que cette mesure n’ait pas pour conséquence d’entraîner la commune dans des dépenses qui ne seraient pas en rapport avec ses modiques ressources.

  Fait et délibéré en séance les jour, mois et an susdit.

  Signé des conseillés présents.

  Suite à cette délibération l’église de Huppy a été inscrite le 15 août 1907, au nombre des Monuments Historiques de France. Nous allons commencer la description de cette église du XV siècle depuis sa construction jusqu’à nos jours. Ce dossier sera sans doute l’un des plus volumineux en raison de son histoire et du nombre (31) de chapitres traités.

Source: ASPACHuppy

 

Chapitre III & Clocher narthex & Premier étage

Chapitre III: Clocher narthex & Premier étage.

Visite de l’église pour la réunion C.l.S Patrimoine à HUPPY le 11 juin 2004

LE NARTHEX

  Nous entrons dans l’église en passant sous la voûte basse du clocher. Nous sommes dans le Narthex (porche spacieux précédant l’entrée de certaines églises françaises ou anglaises. On y bénissait autrefois, encore aujourd’hui à Huppy, les défunts avant l’entrée du cercueil dans l’église) « appelé aussi GALILÉE ».
  La voûte en croisée d’ogives n’a pas de clef centrale, les deux diagonaux NE-SO et NO-SE formant croix, elle ne possède pas non plus de liernes ou tiercerons ; les voûtains de la paillasse de voûte reposent sur les formerets moulurés encastrés dans le mur au cours de la construction des murs du clocher.
  Les gerbes (ou départ de voûte) reposent sur 4 culots sculptés de feuillage, acanthe ou vigne. Le culot NE laissant apparaître une grappe de raisin. L’appareillage des gerbes avec les murs montrent certaines différences entre les assises des deux éléments, murs et gerbes, ce qui laisse à penser que la voûte a été posée après coup (sûrement longtemps après). D’autres indices accréditeront cette thèse, nous le verrons par la suite.
  Cette voûte éventrée en partie lors de la chute du mur Nord et d’une partie du mur Est du clocher, a été refaite dans les années 1950 -›1960 (par l’entreprise Charpentier P.M de Paris au sein de laquelle plusieurs ouvriers de Huppy ont œuvré à la restauration de l’église, nous en dresserons la liste en temps utile.
 Sur le mur Nord se trouve la porte d’accès à l’escalier en spirale (ou en colimaçon). Cet escalier lui aussi effondré au cours de la guerre 39/45, a été refait à la même époque. Une porte en planches de chêne garnie de vieux clous en garde l’accès (bien évidemment cette porte a été refaite) La porte d’entrée Ouest de l’église est en anse de panier surbaissé, faisait penser à du Roman tardif.
  L’extérieur de l’arc et des pieds droits est mouluré, mais malheureusement les bases sculptées de chaque côté de la porte ont disparu, rongées par le temps et les frottements. La porte à deux battants en sapin a été posée en 1964 (provisoirement)
  Pour accéder à l’église, nous descendons deux marches reposées après guerre, ce sont les marches de la table d’autel entre la croisée et le chœur (table de communion). L’arc intérieur de cette porte est également en anse de panier mais sans moulure. La porte qui donne accès à la nef de l’église est également en anse de panier des deux côtés mais sans moulure (là aussi la porte de sapin est provisoire )
  Dans ce Narthex (comme dans le reste de l’église d’ailleurs) la première assise au ras du sol est composée en damier de silex taillés de grès et de pierre meulière (ou tuf). Le reste des murs est appareillé de moellon de craie de pays avec çà et là des moignons de silex nombreux  dans cette pierre et laissés apparents par les tailleurs de pierres dans l’impossibilité de les scier.
  Quelques reprises des murs sont visibles de place en place mais il est difficile d’en déterminer la date de pose. Par contre, dans l’angle Nord/Est, la reprise date des années 1950 – 1960, ayant été faite en pierre de Saint Maximin comme pour le reste de la restauration de l’église.

  Sur les murs, de nombreux noms, dates, annotations ont été gravés au cours des siècles. Nous en dresserons une liste à la fin de ce chapitre. Parlons quand même tout de suite de la date 1819 au dessus d’un triangle et gravée soigneusement sur le mur Sud. Cette marque indique le sommet qui a servi à la triangulation pour établir les cartes de Cassini (nous retrouverons ce signe avec d’autres dates dans certaines églises comme à Quend pour ne citer qu’elle)

Sur le mur Sud est accrochée une croix de fer forgé d’environ 2 mètres de haut. Elle fut donnée comme la plaque l’indique par Fauvel Bouquet d’Onicourt (hameau de
Grébault-Mesnil) et placée ici le 27 août 1897, M. Huguet étant Maire. C’était la plus vieille croix du cimetière qui cernait jadis l’église et qui a été transféré à la sortie du village, route de Liercourt. En fait, elle avait été posée à l’extérieur de l’église derrière la grand croix de tuf (classée) sous les gouttants de la Gargouille du clocher. Elle a été rentrée à l”abri en 1984 par l’ASPACHuppy. Les abouts en fer (tôle fine) formant des fleurs de lys ont disparu. La tige torsadée et le petit christ en fer forgé à la main lui donnent une grande valeur ; sur le derrière, dans la petite niche oratoire, était placée une petite vierge à l’enfant en fer forgé à la main. Sur les murs, sur les linteaux, surtout sur le formeret SUD/EST des portes, nous voyons des traces d’usure faites par la corde des cloches (je dis des cloches car d’après les archives, il y
avait trois cloches dans le beffroi avant la révolution, nous en reparlerons) Là encore, on peut supposer que l’on sonnait déjà les cloches avant la pose de la voûte, car si les cordes avaient été comme maintenant, guidées dans un trou de la voûte à la verticale du « rouet ››, elles n’auraient pas battu le long des murs au point d’y faire des saignées très visibles. Actuellement la corde de l’unique cloche descend à la verticale du rouet dans l’angle Ouest-Nord de la voûte et pour éviter l’usure de la pierre et de la corde, elle est guidée dans un tuyau de bois dur (chêne -frêne – acacia) _
  Nous remarquons également dans ce Narthex que le bas des murs sur une hauteur d’un mètre environ, était peint en gris foncé, le reste des murs et de la voûte était en ocre ou blanc comme une inscription sur le mur Sud nous l’indique.
  Le sol est encore en béton brut coulé à dix centimètres sous le niveau futur (et ancien) du dallage. Le jour laissé sous la porte d’accès à l’escalier laisse voir cet espace libre.
Voyons maintenant les inscriptions (graffitis) intéressantes sur les murs (Voir annexe I )

  Le Narthex de forme carrée mesure intérieurement 3,77 m x 3,77 m – dessus des culots 3 m au dessus du sol définitif – hauteur centre voûte 5,13 m au dessus du sol définitif.
  En relevant les graffitis sur les murs, se relève des trous (Voir annexe II ) bouchés dans les archivoltes le long des murs. Ces entailles étaient destinées à maintenir des pièces de bois « cercés ›› qui aidaient à la pose des voûtains. Il y en a trois dans chaque côté des murs. Ils sont pratiquement invisibles du sol. On distingue également des trous de « boulins ›› dans les murs Est et Nord. Ces trous servaient à échafauder pour poser les voûtes.

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Annexes I & II

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CLOCHER : 1er  étage

La 1er salle sur la voûte du Narthex

  Nous quittons le Narthex et, passant par la petite porte du mur Nord, nous empruntons l’escalier en colimaçon; après avoir gravi 29 marches, nous atteignons la salle du premier étage, protégée par une grille posée en 1984 par l’ASPACHuppy à la création du Musée (côté d’entourage du cimetière).

  Nous sommes sur la voûte du Narthex sur une dalle en béton refaite après la guerre 39/45, jadis le dos des voûtes était apparent et l’accès au mécanisme de l’horloge se faisait grâce à une passerelle en basting et planches.

  La salle, à peu près de mêmes dimensions que le Narthex, fait exactement 3,85 m d’Est en Ouest et 3,78 m du Nord au Sud, le plafond de bois (cadre de base du beffroi) est à 5,53 m. Cette pièce est éclairée par trois baies Nord – Sud et Ouest. Sur le mur Est, sous la porte, la petite baie est plus basse que les trois autres. La baie (petite meurtrière) donne sur la nef, ce qui permettait de surveiller le déroulement des offices au temps où l’on sonnait encore les cloches de cette pièce. La porte du mur Est qui donne elle aussi sur la nef, peut paraître haute par rapport au sol de la pièce : c’est qu’elle était destinée à accéder dans la nef au niveau des entraits de ferme. Il y avait certainement jadis une petite échelle de meunier ou un petit escalier pour l’atteindre (linteau cintré).

  Cette porte avait son utilité car tout porte à croire qu’il a existé une petite (mais toute petite) tribune sur le plancher entre le mur et le premier entrait de ferme ou entre les veux massifs contreforts.

  De la nef, on peut voir encore des trous dans le mur du clocher où étaient encastrées des solivettes de 10 cm x 16 cm environ. Ces trous ne sont plus visibles à droite de la porte car le mur du clocher a été refait à cet endroit après 1945 (nous avons déjà parlé de l’effondrement de cet angle du clocher)

  A l’intérieur de la pièce, les encoches sous la porte servant d’appui pour y accéder ont certainement été faites après coup (à la suppression de l’escalier)

  Dans la petite baie sous la porte, l’appui a été restauré jadis avec des matériaux de récupération et l’on peut voir deux très vieux carreaux de dallage qui pourraient très bien provenir du premier pavage de l’église, celui-ci ayant été refait et rehaussé à une certaine époque (nous en reparlerons avec la description de l’église).

  De nombreux carreaux identiques étaient d’ailleurs dans les décombres de l’église bombardée en 1940 mais malheureusement pas récupérés.

Le plafond de cette pièce

  Ce plafond est en fait le cadre de base du beffroi des cloches en charpente de chêne. En termes de métier, c’est l’enrayure basse. Cette enrayure, faite de grosse poutre de chêne, repose en partie sur des pierres posées en encorbellement, c’est-à-dire en saillie par rapport à la face du mur de la salle. Le mur au dessus de cette enrayure étant lui, un peu en retrait, le cadre repose ainsi, ni sur le mur, ni sur l’encorbellement. De ce fait, la salle au dessus se trouve plus grande d’une quarantaine de cm. Avant 1960, il n’y avait de cette enrayure que le cadre, les grosses solives intermédiaires supportant le plancher ont été posées en 1961 par le charpentier restaurateur de l’entreprise Martin au cours de la restauration de la tour, Claude Piette étant compagnon chef de chantier, et Edouard Dymond, compagnon charpentier.

  Les calfeutrements sur les côtés ont été réalisés à la création du Musée par l’A.S.P.A.C.H : on peut voir que l’encorbellement a été fortement restauré après la guerre par l’entreprise Charpentier (nous en avons déjà parlé).

  Les quatre baies en forme de meurtrières (Voir annexe III) ont toutes été dotées de vitraux vers l’extérieur et de vitres à l’intérieur formant aussi vitrine d’exposition.

  Ces vitraux avaient été déposés par l’Abbé Yves Morel chez les petites sœurs des pauvres à Amiens (à noter que la chapelle St Elie du Bois de Cise en a été dotée également).

  Cette salle abritait le mécanisme de l’horloge aujourd’hui disparue (ce mécanisme laissé à l’abandon a été vu pour la dernière fois dans les années 1955, il s’est volatilisé après ?). Les deux potences de fer qui le supportaient, sont restées en place étant ancrées dans le mur et avec un plateau de chêne épais posé dessus qui sert «d’autel» et de présentoir dans cette chapelle du souvenir.

  Les aiguilles de l’horloge étaient actionnées par des tiges de fer coulissant dans des guides (il en existe encore un sur le mur Sud au dessus des consoles) Les poids étaient suspendus à des câbles passant dans des poulies accrochées tout là-haut sous l’enrayure basse de la flèche. Quelques vestiges de ces poids sont dans la 2ème salle du Musée au dessus.

  Le mécanisme était abrité de la poussière, des oiseaux et des pigeons dans une petite « cabane » de bois et de torchis. Les pièces de bois de cette « cabane ›› étaient scellées dans les murs Nord et Ouest. La dimension de cette construction nous est donnée par les trous des murs qui ont intentionnellement été bouchés par des morceaux de briques tranchant avec la pierre des murs pour en conserver la preuve.

  L’éclairage de cette « cabane » était assuré par la baie Sud (le cadre de cette fenêtre subsiste, il tient le verre de la vitrine)

  Une inscription (nous verrons les autres plus tard) sur le mur Ouest côté Sud au dessus de la culée de voûte nous donne la date de pose de cette horloge :

« Miellot Anselme, menuisier à Huppy a monté l’horloge le 1er  7bre 1878 »

  A noter que, d’après les archives, il y avait déjà une horloge en 1794, puisque l’on payait quelqu’un pour la remonter (nous en reparlerons)

Traces d’une voûte sur les murs

  Une voûte a existé dans cette pièce, beaucoup d’indices accréditent cette thèse. Tout d’abord, les culots et les gerbes dans les angles. Contrairement au reste de la voûte, ces deux éléments sont montés en même temps que les murs par les bâtisseurs. Eux seuls ne peuvent donc prouver qu’il y a eu pose de voûte. Mais en examinant attentivement les murs nous pouvons voir « l’engravure ›› destinée à recevoir les « voûtains ›› qui elle, est taillée à la demande par les maçons poseurs, au fur et à mesure de la pose de la « paillasse de voûte ››. D’ailleurs un autre élément nous sert de preuve : en effet, dans cette engravure subsiste du mortier à la chaux qui a été soigneusement gardé lors du nettoyage des murs pour installer le Musée. De plus, sous cette engravure, on peut voir de petites entailles faites dans le mur. Ces trous servaient aux maçons pour installer des « cerces ›› qui supportaient les voûtains posés soit du mur au diagonal, soit d’un diagonal à l’autre (nous avions constaté la même chose dans le Narthex). Dans l’axe des murs une entaille verticale un peu plus longue était destinée sûrement à recevoir une pièce de bois inclinée à 30° ou 40° qui renforçait l’ensemble et supportait certainement la lierne allant de la clef de l’archivolte à la clef centrale. On peut en déduire que cette voûte possédait des liernes contrairement à celle du Narthex qui en est dépourvue. (Voir annexe IV). Si cette voûte devait être dotée de liernes, elle était dépourvue de formeret comme le prouve les départs sur les culots. Les voûtains venaient directement reposer dans l’engravure.

  Voyons maintenant en détail les départs de voûte et des culots. Il semblerait que ces éléments soient des récupérations au même titre que ceux de l’église sur le mur Ouest du bas-côté Nord que nous détaillerons par la suite. En effet, l’ornementation n’a rien de ressemblant avec la voûte du Narthex en dessous (feuillage, vigne, acanthe). Les culots sont sculptés dans un style rappelant le roman tardif. Le culot Nord-Ouest étant décoré d’un « Soleil à face humaine  les trois autres sont moulurés. (Voir annexe V). La petite porte dans le mur Nord à l’angle Est donne sur l’escalier en colimaçon, son arc linteau est en anse de panier surbaissé. (Voir annexe VI).

Les traces de frottements et d’usure des cordes sur les murs

  Des traces d’usure dues à des frottements de cordes sont visibles sur les murs de cette pièce.

  Sur le mur Nord deux traces verticales à 1,50 m environ l’une de l’autre.

  Sur le mur Sud à peu près les mêmes ; on peut, grâce à ces traces d’usure, penser qu’il y avait plusieurs cloches dans le clocher (des archives font état de trois avant la Révolution) De plus, les traces allant du milieu de la hauteur des murs jusqu’au niveau du plancher bas de la pièce, on peut donc en déduire comme dans le Narthex d’ailleurs, que les cordes se tiraient bien avant la construction de la voûte basse, car comme dans le Narthex, si les cordes avaient été guidées, elles n’auraient pas pu battre sur une telle amplitude. Les saignées sont très visibles sur cette pierre tendre qu’est la craie de pays.

  Au dessus de la porte d’entrée sur l’escalier, il n’y a pas de traces de frottements de cordes, cette partie du mur a fait l’objet d’une restauration après la guerre. Le clocher ayant été touché par les bombardements de mai 1940, l’angle Nord-Est et la tour d’escalier étaient à terre jusqu’au niveau du linteau de porte. Pendant la guerre des travaux de consolidation avaient été fait pour empêcher la flèche de bois de s’écrouler, le mur ayant été remonté en hâte avec les vieux moellons pour supporter la base du beffroi et les pierres en encorbellement (il existe une photo prise à cette époque et un dessin à la plume a été fait après par Claude Piette).

  Le linteau de la porte refait après 1945 est en anse de panier surbaissé en pierre de Saint- Maximin.

  Pour terminer, nous jetterons un coup d’œil aux dates et aux noms gravés par nos aïeux sur les murs de cette pièce. Outre celle relative à l’horloge déjà citée, apparaissent :

  Les noms de : BERTHE – LEMIRE – BOUTILLER – CUVELLIER – FLUTTE – DUFOSSE –  QUENEHEN – MIELLOT/MONT – HETROY etc… »

  Les dates : 1615 – 1682 – 1686 – 1696 – 1776 – 1789 – 1830 – 1878 – 1921, avec comme toujours quelques unes plus ou moins fantaisistes que nous ne retiendrons pas. Il ne nous reste plus qu’à reprendre l’escalier qui nous conduira à la salle du 2ème étage, sur l’enrayure basse du beffroi des cloches, posée sur les pierres en encorbellement.

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Annexes III – IV – V – VI

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Chapitre I & Les étapes de sa construction

 

Chapitre I: Les étapes de sa construction.

Phase de construction

Les neuf phases de sa construction ou de sa reconstruction:

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